Tourisme de masse: le "touriste imbécile"
Chapitre 2
« Le touriste imbécile »
Les méfaits du tourisme ne datent pas d’aujourd’hui. Ils ont déjà été signalés par de grands écrivains qui, en réalité, s’élevaient contre le piétinement de leurs propres privilèges. Un peu comme les écologistes de notre temps qui manifestent contre l’amélioration du niveau de vie des moins fortunés car cette approche permet à ces derniers de sillonner le monde et d’apporter ainsi la pollution que les « Greens » voudraient voir disparaître. Moins il y aura de touristes sur les routes, dans les airs et sur les mers, moins il y aura de pollution et d’émissions de CO2. Alors seuls les privilégiés comme Voynet, Mamère, Liepitz, membres éminents du mouvement des
« Verts » auraient le droit de partir en première classe, passer leurs vacances dans les Antilles !
L’un des plus virulents au XIX e siècle fut Pierre Loti (1850-1923).
Dans son livre « la mort de Philae » (1909), il écrit :
« A l’ambassade de France, ce matin-là, nous sommes au moins 30 convives à déjeuner, tous touristes ! Autrefois la traversée de la Mer noire, les arrêtait alors. Mais depuis deux ans, avec le nouveau chemin de fer aboutissant au pied du vieux sérail, c’est effrayant ce flot de désœuvrés de l’Europe entière qui vient fureter partout, trop nombreux seulement tournant à l’invasion » …
Puis parlant de la descente du Nil :
« Bruits de machines, sifflets et, dans l’air qui était si pur, infectes spirales noires : ce sont les modernes steamers qui viennent rejeter le désarroi dans ces flottilles du passé. Avec de grands remous, s’avancent les charbonniers ou bien, une kyrielle de bateaux à trois étages pour touristes, qui font tant de vacarme en sillonnant le fleuve et sont bondés de laiderons, de snobs et d’imbéciles » … « touristes qui étalent à chaque pas, leur suffisance ignare. »