Tourisme de masse destruction: avant-propos

Publié le par andre-girod.over-blog.com

Tourisme

de

masse destruction

 

 

Par André Girod 

 

 

 

Dessins par André Girod 

 

 

Je dédie ce livre à tous les enfants, petits-enfants qui nous suivent et qui auront à régler les problèmes que nous leur laissons !

 

Je pense particulièrement aux miens propres !

 

A Chantal, Nathalie, Laurence, Magali, Pascale, Emilie et Mathew

Gardez espoir que tout rentrera dans l’ordre ! 

 

 

Avant propos

 

 


Coupables !

 

Nous sommes tous coupables d’apporter notre contribution à la pollution de la planète et par un effet de serre si décrié, participer au réchauffement de la terre.

 

Nous pouvons l’être à divers degrés : celui de l’individu qui, par ses mode et niveau  de vie, rejettera dans l’atmosphère son quota de CO2 et se débarrassera de ses déchets. Et j’en suis personnellement un.

 

Il y aura aussi celui qui, par son métier, incitera les autres à augmenter leur émanation de gaz carbonique. C’est le cas de l’agent de voyages dont les conseils pousseront les amateurs à voyager aux quatre coins du monde, développant ainsi le tourisme de masse.

Et j’ai été aussi l’un d’eux !

 

En fait, coupables de quoi ? Sommes-nous vraiment coupables  de faire de la publicité pour ces endroits merveilleux que chacun rêve de visiter : le Taj Mahal, Machu Picchu, les Pyramides, Ayers Rock, Bali, la Place Rouge, Versailles, le Grand Canyon, Serengeti ?

Est-ce un crime de partager avec les autres ce qui a été un émerveillement à nos propres yeux ?

 

Lorsque l’objet du délit est montré du doigt, souvent il est dirigé vers l’industrie de l’énergie, de l’automobile, du transport.  Mais ce que les experts oublient de mentionner, c’est que l’augmentation  de cette pollution n’est pas due forcément à l’amélioration du niveau de vie, à la recherche d’un minimum de confort pour se protéger des aléas de la vie, mais surtout à la croissance exponentielle du tourisme qui, en un demi-siècle, est passé du passe-temps de l’élite à l’intérêt de la classe moyenne puis à la curiosité et à la détente des gens modestes. D’après le WTO ( World Tourism Organisation), 500 000 personnes sont en permanence en train de voyager en avion , 500 000 touristes qui volent à tout moment du jour et de la nuit vers des destinations exotiques !  Se payer une escapade à l’étranger, par une promotion de grande surface, est devenu monnaie courante. 400 euros pour la Tunisie, le Maroc, Prague et bien d’autres destinations, pour un Français moyen, n’est plus un rêve irréalisable. Le progrès technologique a permis cette incroyable transformation !

 

Mais ne s’est-on jamais posé  la question primordiale de savoir combien de CO2 sera émis dans l’atmosphère pour transporter un passager de Paris à Marrakech, combien de litres d’eau lui seront nécessaires pour maintenir sa qualité de vie, quelles ressources dont il aura besoin pour passer un séjour agréable, quel apport économique apportera-t-il à la région ? Ses dépenses compenseront-elles le gaspillage créé par son passage ?

 

Ce sont des questions que l’agence dévoyée  de voyage  ne parlera jamais au client de peur de le décourager et de louper une vente ! Pourtant c’est le sujet dont il faut débattre  ici car il est essentiel à la sauvegarde de la planète : le tourisme de masse, depuis un demi siècle, est le facteur le plus important de la pollution et du réchauffement climatique. Les autres industries : automobiles, autocars, trains, avions, électricité, eau, nourriture, constructions, infrastructures routières dépendent du tourisme de masse pour vivre et s’étendre.

 

N’étant ni climatologue, ni scientifique de formation, je ne discuterai pas des mille raisons avancées au cours de débats épiques pour expliquer ce réchauffement climatique que certains appellent «  dérèglement climatique ». L’homme et c’est tout l’enjeu, y a-t-il un rôle important par rapport aux modifications naturelles qui, au cours des temps, apportent d’importants changements dans le climat ? Là n’est pas tout à fait comme l’on verra, mon sujet. Pourtant, cette goutte d’eau ajoutée aux débats n’est pas nécessairement inutile.

 

Un fait, hors climat, reste indéniable : jamais, en si peu de temps, la planète n’a été autant défigurée par des promoteurs sans scrupules pour permettre au tourisme de masse de devenir la première industrie du monde, avant toutes les autres. Il permet peut-être à des pays pauvres d’accumuler des devises étrangères, de créer des emplois, de se faire connaître, mais à quel prix !

 

Les émissions de télévisions, éblouissants  spectacles comme Ushuaia, des Racines et des Ailes et Thalassa en France, Discovery Chanel, National Geography aux Etats-Unis, par leurs grandes messes, ont accéléré le pillage et  l’anéantissement des cultures et des sites primitifs.  Elles ont été, par leur popularité, le catalyseur des exodes en masse vers des lieux jusqu’alors inconnus donc protégés. Partout où passent Nicolas Hulot et  Georges Pernoud, l’herbe ne repousse plus. Ce sont les Attilas modernes, car, derrière eux, se bousculent les hordes de touristes qui piétinent les sites sacrés, jettent leurs ordures à tout vent et massacrent les cultures indigènes. Ce sera le sujet d’un chapitre que je voudrai brutal et sans pitié !

 

Mais où me placer dans cette nomenclature de sinistres destructeurs ? Parce qu’à une petite échelle, j’ai été l’un d’eux !

 

Quand en 1962, pour le Touring Club de France, j’organisai la première grande croisière d’Amérique du Sud : Brésil ( Rio de Janeiro, Manaus), Argentine ( Bariloche) , Chili ( Vina del Mar ), Pérou (Machu Picchu), je participai à l’époque, avec mes soixante-huit clients et notre DC-6 ‘Special’, à la pollution de cette région. Et notre réussite poussa d’autres agences à monter, à leur tour, le même itinéraire.

 

Machu Picchu, difficilement accessible en 1959, lorsque je le vis pour la première fois et y passai la journée et la nuit seul  avec les mânes des prêtres Incas et de leurs vestales, est devenu comme une Mecque : d’après le Monde, plus de DEUX MILLE visiteurs par jour prennent les autocars  pour aller de la gare de Pueblo dans la vallée de l’ Urubamba au sommet de  la montagne. Les cars dégagent des fumées noires et malodorantes, ce qui aggrave la situation dans la vallée. Mais tant pis pour le site sacré, le magnifique paysage, les clients sont heureux d’avoir pu passer trois heures là-haut à écouter le disque rayé d’un guide de fortune et d’avoir avalé un paquet de chips arrosé d’un verre de coca, laissant derrière eux d’énormes poubelles d’assiettes et de verres en polyester qui viendront s’accumuler dans une fosse commune sur le route de Cuzco !

 

Elle était loin l’âme de Hiram Bingham de l’université de Yale qui fut l’un des premiers à contempler les vestiges de ce lieu sacré !

 

Puis quelle idée de faire partir des gamins de dix ans vers l’Amérique*, aidant ainsi Air France à établir une nouvelle ligne Paris-Chicago quotidiennement au lieu de deux vols par semaine ! Je n’ai jamais calculé ce que j’ajoutais, par enfant, à la détérioration de la planète  et j’avoue que je m’en fichais, mon but n’étant pas de sauver notre terre mais plutôt notre langue aux Etats-Unis ! A chacun sa mission !

* ( voir classe franco-américaine Back to back, Publibook, Paris)

 

Coupables ?

 

Le but de ce livre est de montrer que cette inquiétude – réchauffement de la terre - ne m’a jamais touché au cours de ma carrière et ne me concerne pas du tout encore maintenant. Mes arguments seront peut-être tirés par les cheveux et sembleront pour beaucoup inopportuns dans ce monde qui semble paniquer à l’annonce d’une fatalité qui ne vient pas des hommes mais de la nature elle-même. Les cycles ont toujours existé, avec plus ou moins de rapidité et de violence, alors un nouveau changement graduel de l’atmosphère et de l’environnement ne fait partie que de la destinée de notre planète. Pourtant le problème existe et personne ne peut faire l’autruche. En tant qu’ancien professionnel du tourisme de masse et l’ayant vécu depuis sa naissance, je peux apporter des éléments déterminants dans l’explication de ce phénomène hors norme : il est nouveau dans l’histoire de l’économie et a littéralement explosé en un rien de temps.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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